Le Trek des Fous: Pinchaunuyoc, Maizal et Yanama [3/5]

Jour 4: De Choquequirao à Maizal

Fini de plaisanter, il est temps de reprendre les bâtons pour un 4ème jour de marche, en avant pour rejoindre l’ultime destination de notre trek: le Machu Picchu. Sur le papier, cette journée était à redouter: 17 kilomètres de marche avec 300 mètres de dénivelé positif pour surmonter le col de Choquequirao, puis 1 400 mètres de descente jusqu’au Rio Blanco (aïe les genoux) pour enfin remonter 1 100 mètres de dénivelé positif jusqu’au petit village de Maizal. Avec toujours l’incertitude du départ auquel personne ici n’est capable de répondre: pourrons-nous franchir le Rio Blanco en cette saison des pluies ? Tous les locaux nous affirment que soit ce n’est pas possible, soit il faudra porter les sacs sur la tête avec l’eau jusqu’à la taille. C’est l’aventure et cela nous booste !

Qui dit grosse journée dit réveil matinal et c’est à 5 heures tapantes que le réveil sonne pour partir à 6 heures tapantes affronter le col dans le brouillard le plus complet. Une heure après, nous franchissons le col pour un ‘Desayuno’ de fortune en haut, un peu déçus de ne pas pouvoir jouïr de la vue panoramique sur les ruines comme espéré. En entamant la descente, nous tombons sur un panneau assez étonnant:

Vous avez bien vus, il y a des ours en Amérique du Sud, plus particulièrement des Ours à lunettes (marques claires autour des yeux). Et dire que nous ne croyons pas la touriste rencontrée la veille qui nous affirmait avoir vu un ours dans un arbre vers son emplacement de camping. Nous n’en verrons pas malheureusement. La descente se poursuit tranquillement pour préserver nos genoux au milieu d’une flore péruvienne plutôt colorée:

Quelques centaines de mètres plus bas, nous débouchons sur les très belles ruines de Pinchaunuyoc. A notre grande surprise, celles-ci sont squattées par une bande de hippies péruviens, qui semblent complètement à l’Ouest.

Ces terrasses en forme d’amphithéâtre sont coupées par des canaux d’irrigation qui fonctionnent encore (ce qui n’est pas le cas par exemple à Choquequirao ni au Machu Picchu).

En se présentant dos à l’amphithéâtre, nous apercevons soudainement le chemin en Z qui nous attend pour grimper au sommet de la vallée…Démoralisant.

Une Hippie européenne accoste Seb et Eva pour nous demander à deux mots à l’heure Tiene….una…mula…por favor ?‘ Non, nous n’avons pas de mules et toi tu es dans de beaux draps !

Allez, il est temps de repartir en chemin, et puis nous n’avons pas envie de nous coltiner les hippies à chacune de nos étapes. Nous atteindrons finalement le Rio Blanco à 11 heures après environ 5 heures de marche et une bonne surprise à la clef: il existe un pont ! Oublié le souci de traverser le Rio et la peur de ne jamais atteindre le Machu Picchu ! Vamo-pé !

Après un sandwich thon-tomate avalé en quelques minutes, il est déjà l’heure de repartir pour atteindre le petit village de Maizal (une famille de trois personnes vivent là-haut) situé 1 100 mètres plus haut à 3 000 mètres d’altitude. Cette fois-ci, il s’agit de 1 100 mètres de dénivelé sur seulement 5 kilomètres de distance ! Nous vous épargnons les calculs, mais autant vous dire que la pente était encore plus raide que le deuxième jour. Finalement, nous arriverons, non sans mal encore une fois, à Maizal après 3 heures de grimpette au ralenti (Deux pas, une pause, deux pas une pause c’est dire… et le soleil de plomb n’aide pas dans ces cas-là…)

La vue panoramique depuis le camping est juste splendide et nous récompense de cette journée de marche. Si vous avez compris le panneau suivant, prévenez-nous car nous cherchons encore la signification de cette traduction plus qu’aléatoire 🙂 :

Nous disposons d’une vue sur le col de Choquequirao ainsi que des ruines visitées plus tôt dans la journée en aval:

Malgré la fatigue naissante, le quatuor de Lyonnais est toujours présent:

Deux heures plus tard, notre appréhension se confirme et une partie des Hippies arrivent sur le camp… On ne vous refait pas le schéma, ils ne sont qu’amour, tout est rose tout est beau sauf que dans leur monde de Bisounours, ils trouveront quand même le moyen de venir se coller à notre tente (alors que le camping proposait de nombreuses terrasses vides), de faire du bruit jusqu’à des heures pas possibles (oui Môssieur, 22 heures quand on trek, c’est tard 🙂 ), et de ne pas respecter la famille locale en se plaignant que le repas n’arrivait pas alors que toute la famille entière se démenait pour contenter tout le monde. Bref…nous tentons quand même de rester tous les 4 dans notre petite bulle et allons passer une soirée adorable en compagnie de la famille. Cette famille est désormais seule car les autres habitants ont déménagé à Yanama dans l’autre vallée.

Aujourd’hui, des proches de la famille habitant à Cusco leur ont rendu visite, et tout le monde s’embrasse, s’accole et est ému. Nous suspectons qu’une personne de la famille soit décédée mais nous n’en saurons pas plus, préférant rester en retrait. Dans tous les cas, c’est une scène de vie familiale qui nous a tous touchés, la famille se démenant pour nous faire à manger, malgré la survenance de cet évènement. C’est à nouveau un plat de riz-frites-oeuf que nous allons dévorer, sous les yeux ébahis des Cuys (cochons d’inde) qui tentent de manger dans notre assiette. Nous les avons compté, ils sont plus de vingt dans la salle et à tout moment, cela peut mal se terminer pour l’un d’entre eux, il suffirait que l’un d’entre nous lève le petit doigt et crie « Cuuuuuuuuy ».

Jour 5: De Maizal à Yanama

Les jours de marche s’enchaînent et…ne se ressemblent pas. Même si la journée s’annonce plutôt tranquille avec 11,5 km de marche, la topographie annonce tout de même 1 100 mètres de dénivelé positif jusqu’au col de San Juan (4 150 mètres d’altitude !) puis une douce descente de 700 mètres négatifs jusqu’à Yanama.

Heureusement pour nous, et pour nos jambes, la pente est beaucoup moins raide que la veille (le dénivelé étant plus étalé) et c’est une petite ascension tranquille jusqu’au col qui nous attend. La végétation est encore différente de la veille, c’est la fameuse toundra andine…De plus, et pour continuer à nous surprendre, c’est le début du ‘Camino de los Locos’ sous la forme d’un chemin Inca. Qui dit chemin Inca dit marches pavées t’arrivant au genou !

En chemin, après trois heures de marche, nous arrivons aux Mines Victoria, qui sont abandonnées. Aux alentours, la plupart des pierres brillent, révélant une forte concentration en minéraux et en métaux.

 

Une heure et demie encore plus tard, ça y est, les 1 100 mètres sont avalés et nous sommes en haut du Col de San Juan, à 4 200 mètres d’altitude.

La descente vers le paisible village de Yanama est tranquille, il est midi, nous prenons donc notre temps et traversons des passages le long de la falaise, avec le village en contrebas qui nous attend.

Nous prenons la décision de nous arrêter au second camping de Yanama et sommes accueillis, une fois n’est pas coutume, par une petite famille adorable.

Les Cuy font de l’oeil à Seb, ils sont trop mignons et cela va devenir de plus en plus difficile de passer le cap pour que celui-ci finisse dans l’assiette. Tant pis, ce soir, ce sera pour changer riz-oeuf-frite avec le petit bonus de la maison: de l’Inka Cola !

Ola Chica !

Nous passerons le repas (la Cena) avec la famille pour faire connaissance. Nous apprenons que le village de Yanama est connecté au reste du monde par la route depuis seulement 2 ans (avant c’était le sentier et les mules) et ils ne disposent de l’électricité que depuis 4 mois. Le père est agriculteur et travaille sans relâche 6 jours sur 7. Vient la question des vacances en France, que nous évitons habilement. Quant à nos métiers respectifs, Lily est pharmacienne et Seb aussi du coup, trop compliqué à expliquer et cela n’avait pas sa place dans la discussion… Une discussion à la fois simple mais riche en enseignements qui nous rappelle encore une fois que nous sommes bien lotis…

Quand nous rêvons depuis 4 jours d’une simple douche chaude à cause de ce trek longue durée, eux n’en n’ont jamais pris de leur vie…Quelle claque…

Jour 4: De Choquequirao à Maizal Fini de plaisanter, il est temps de reprendre les bâtons pour un 4ème jour de marche, en avant pour rejoindre l'ultime destination de notre trek: le Machu Picchu. Sur le papier, cette journée était à redouter: 17 kilomètres de marche avec 300 mètres de dénivelé positif pour surmonter le col de Choquequirao, puis 1 400 mètres de descente jusqu'au Rio Blanco (aïe les genoux) pour enfin remonter 1 100 mètres de dénivelé positif jusqu'au petit village de Maizal. Avec toujours l'incertitude du départ auquel personne ici n'est capable de répondre: pourrons-nous franchir le Rio…

Le Trek des Fous: Maizal

Note - 80%

80%

Les terrasses Inca avant Maizal, un vrai bonheur

8 comments

  1. Chantal et Pierrick

    ah ça remet les choses à leur place … allez dire ça à la cgt ! surprenant de voir les ruines envahies par les toiles de tentes! mal grès leur shoot , les peace and love ont quand même réussi l’ascension sans embuche et il leur restait encore du jus !! lol ne pas dérégler l’appareil, les couleurs des photos sont justes ….comme il faut .

    • Ils ont réussi, mais dans quel état haha, le lendemain, nous les avons complètement distancés, dans les choux les Hippies ! Ils ont dormi tout en haut à 4 200 mètres !

  2. Trop chous les cochons d’Inde, quand ils ne sont pas encore dans l’assiette… je comprends ton désarroi Seb!
    Je me demandais, vous parlez anglais ou espagnol avec les locaux?

    • Espagnol bien sûr ! Nous nous améliorons et puis, si tu veux passer pour un Gringo en Amérique du Sud, commence en Anglais et c’est fini pour toi 🙂 Bon nos vêtements et nos têtes de Blancos nous trahissent encore mais nous faisons au mieux

  3. Votre vision de la vie va forcement être transformée avec toutes ces belles rencontres. Nous de notre coté c’est le quotidien avec ces multiples désagréments bien futiles, vous suivre nous recadre régulièrement et nous fait du bien !

  4. jardins en terrase à flanc de pente !! murs de pierre encore en état !! les Incas et les égyptiens ont été de sacrés batisseurs dans leur domaine respectif.

    quant aux hyppies, ils ont réussi à faire le « joint » entre les deux vallées 🙂 🙂

    En tout cas, respect les LovelyPlanets pour votre trek ! j’adore la photo du chemin taillé dans la falaise !!

  5. en cherchant, il se pourrait que les mines victoria aient été exploitées par les incas et les espagnols pour Or, argent, cuivre et plomb
    le paradis de la tante Marie Christine pour les Cuys

    Dérapons un peu (pas sur le chemin de l’inca dans la falaise…) : allez vous faire cuys un œuf si vous voulez la frite….

    j’ai repéré des iris jaunes derrière les lupins et aussi des hélianthus. Ce doit être assez humide et acide (sans doute à cause de l’oxydation de pyrites et la pluviométrie = lessivage du Ca, mais aussi type de roches)

    en tout cas : inca pour tous et tous pour un ka …..wouaaaaaaah…..

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